Je veux vivre

Auteur : Jenny Downham

Édition : Plon Jeunesse (site)

Pages : 391

Prix : 17 €

Public : 15 ans et +

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Résumé :

Tessa vient d'avoir seize ans et se sait condamnée. Dans quelques semaines, elle mourra d'une leucémie. Partagée entre la révolte et l'angoisse, l'injustice et les aspirations propres à son âge, Tessa décide de tout connaître de la vie avant de mourir, y compris les transgressions, la célébrité...
Aidée de sa meilleure amie, de ses parents qui acceptent tout, Tessa se lance alors dans une course contre la montre, contre la mort, pour vivre.

L'AVIS DE LA TORTIONNAIRE :


Un roman fort et poignant qui ne laisse pas indifférent. On sait d'avance comment ça va finir, car il n'y a pas de miracle, mais j'ai accroché facilement.

Au début, j'ai pourtant eu du mal avec Tessa, la narratrice, et ce, malgré sa détresse évidente. Il faut dire qu'elle ne rend pas les choses aisées. Les premières choses qu'elle souhaite absolument faire avant de mourir ressemblent à s'y méprendre à celle d'un ado en pleine crise d'indépendance : se droguer, enfreindre la loi, toujours pousser les limites, ...
Tessa s'aperçoit au fur et à mesure que les gens autour d'elle avancent, évoluent, font des projets d'avenir. Vivent tout simplement. Et c'est par moment très difficile pour elle de côtoyer tout ça, car elle vit terrifiée à l'idée de mourir tout en sachant qu'elle n'y échappera pas. C'est un véritable compte à rebours qu'elle vit chaque jour. Elle passe donc par des phases de colère, de haine de l'autre qui la rendent difficilement sympathique. Elle rejette son père et s'embrouille avec sa meilleure amie Zoey (quoique je peux comprendre, car Zoey est parfois assez insupportable comme fille...). Mais je pense que c'était un passage essentiel pour elle. C'est d'ailleurs un peu grâce à ça qu'elle va connaître Adam.

Tessa grandit vitesse grand V et finit par s'accrocher à l'essentiel : sa meilleure amie, sa famille et son petit-ami (d'un courage exemplaire). Car au final, et malgré toutes ses colères, c'est l'amour qui l'emporte. Plus Tessa se rapproche de sa fin et plus elle se met à apprécier la vie dans chaque instant. Et c'est aussi grâce à elle que son entourage évolue. C'est surtout le cas pour Adam et Zoey, pour qui elle est un électrochoc qui va leur faire trouver la force de mener la vie qu'ils souhaitent.

On suit aussi son parcours à l'hôpital, les soins douloureux et fatigants par lesquelles elle doit passer. Les médecins et les infirmières défilent, jusqu'aux derniers qui vont l'accompagner pour la fin. Ceux qui restent et auxquels elle s'attache. On sent que l'auteur s'est documenté sur le quotidien des malades car tout est très crédible.
La situation de la famille est aussi très difficile car elle doit se résoudre à la voir partir trop jeune. Pourtant, on sent qu'ils ont envie d'y croire, presque plus que Tessa.

Deux personnalités m'ont particulièrement touché dans ce roman : le père et le petit frère de Tessa.
Son père est malgré toutes les apparences quelqu'un de très fort. Car il en faut du courage pour se battre chaque jour pour sa fille, et ce, en dépit de son comportement parfois exécrable. Il est toujours là, prêt à la soutenir envers et contre tout. Pourtant on sent que c'est très dur pour lui de se retrouver face à cette maladie. Il arrive cependant à ne pas tomber dans l’excès et ne passe pas tout à sa fille. Il reste raisonnable et responsable. C'est vraiment un personnage que j'ai trouvé admirable. D'autant plus qu'il a tout abandonné pour s'occuper de sa fille.
Quant au frère de Tessa, je l'ai trouvé touchant par sa franchise de petit garçon. Il ne se comporte quasiment jamais en fonction de la maladie de sa sœur et reste vrai. Pourtant, même s'il ne le dit pas, il aime énormément Tessa. Ses inventions de sortilèges trompe-la-mort pour que sa sœur ne meurt pas et reste avec lui le rendent d'autant plus émouvant. Une perle ce p'tit gars !

Lorsqu'on se rapproche de la fin du roman, le style change et on est encore plus happé, alors même qu'on sait où ça nous mène. En effet, Tessa voit son corps la lâcher, ses pensées sont moins fixes et suivent moins de logique. Elle finit par alterner les périodes de conscience et d'inconscience. Cela donne des petits bouts de textes éparpillés et très espacés. Le tout est très fort et l'émotion monte crescendo tellement on aimerait qu'elle reste avec ceux qu'elle aime et qui sont là, impuissants.
On a vraiment l'impression d'être avec elle et d'être à l'intérieur de la tête de quelqu'un qui est en train de mourir. Je crois que je manque de mots pour décrire ce que j'ai ressenti. Ses proches l'entourent et lui disent leurs derniers mots et c'est là le plus émouvant. Son petit frère m'a énormément touché !

Tessa sait que le monde va continuer sans elle, et même si elle est déçue (j'étais vraiment dégoûtée par cette injustice personnellement !) parce qu'elle ne pourra pas le voir continuer, elle souhaite le meilleur à tout ceux qu'elle aime. Je pense qu'il faut être une force de la nature pour endurer ce qu'elle a enduré.
Les instructions qu'elle leur donne sont d'ailleurs presque un ordre de vivre. Et je pense qu'elle ne pouvait pas faire plus belle déclaration à ceux qui l'aime, même si je regrette qu'elle n'ait pas pu dire tout ce qu'elle aurait voulu à son père, car son corps était trop faible à ce moment-là. C'est vraiment un moment très très fort en émotion ! J'en suis ressortie bouleversée.

EN BREF :

Bizarrement, malgré la force de ce roman, ce n'est pas un livre que je relirai. Pourtant je l'ai énormément apprécié, mais le sujet est très dur. D'ailleurs, malgré le classement de la FNAC en roman pour les plus de 12 ans, je ne le mettrai pas entre les mains d'une personne de moins de seize ans. Le sujet est peut-être trop lourd pour les plus jeunes et certaines scènes sont assez osées pour la jeunesse. Mais bon, c'est mon avis, je ne suis pas experte en la matière, loin de là.
Et dans tous les cas, ce roman est une sacrée leçon et j'en conseille la lecture. On est submergé par une grosse bouffée d'amour quand on voit comment Tessa est entourée.

JAUGE DE LA TORTIONNAIRE :