Écoute-là

Auteur : Sarah Dessen

Édition : Pocket Jeunesse (site)

Pages : 382

Prix : 17 €

Public : 12 ans et +

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Résumé :

Annabelle a tout pour être la star du lycée. Première de la classe, aimée par ses parents et... mannequin, la jeune fille se sent pourtant désespérément seule.
Abandonnée par Sophie, sa meilleure amie, elle doit aussi affronter le mal-être de sa sœur. Et surtout, Annabelle n'a plus personne à qui se confier. Jusqu'au jour où elle rencontre Phil, un fou de musique qui a décidé de toujours dire la vérité en face, qu'importent les conséquences...
Annabelle, qui préfère inventer des histoires pour éviter tout conflit, sera-t-elle capable d'accepter l'amitié de ce garçon si différent des autres ? Lui seul semble capable de déchiffrer son cœur comme une partition de musique.

L'AVIS DE LA TORTIONNAIRE :


J'ai adoré ce roman avec lequel j'ai passé un excellent moment ! D'ailleurs, par rapport aux trois autres romans de Sarah Dessen que j'ai lu, j'ai trouvé que celui-ci abordait des problématiques un peu plus graves que d'habitude, comme les agressions sexuelles et l'anorexie. Mais, comme d'habitude avec cet auteur, ces sujets douloureux sont toujours abordés avec douceur et justesse. Et le roman n'en devient pas plus noir.

Le roman contient par ailleurs pas mal de flash-backs, qui peuvent parfois faire perdre le fil du présent. Mais franchement, on le reprend très vite et je n'ai pas eu plus de soucis que ça. De toute façon, j'aime beaucoup le principe de ces flash-backs. Cela permet de comprendre ce qui a fait d'Annabelle ce qu'elle est aujourd'hui. De plus, ils sont enrichissants, très intéressants et prouvent que les personnages ne sont pas sortis de nulle part.
Et je note que, pour une fois, au lieu de démarrer à l'été (comme dans la plupart des romans de l'auteur), le roman commence à la rentrée scolaire. Tant mieux, ça change un peu.

L'héroïne est en plus très agréable (enfin, elle l'a été pour moi). Pourtant, quand j'ai lu le résumé, je pensais qu'elle n'allait pas me plaire avec ces histoires de mannequinat et blablabla. Mais en fait, le roman n'appuie pas vraiment sur le mannequinat et il n'est de toute façon pas traité de la manière qu'on peut imaginer. Je le voyais surtout avec strass, paillettes, grands défilés de mode (et là je me disais "Pitié !" d'avance), mais pas du tout, c'est en réalité un mannequinat plus commun et "normal" que ça qui est abordé (magazines, calendrier, ...).
Annabelle est le genre de fille effacée, dont la famille a tellement de soucis à gérer qu'elle en devient totalement invisible. Et elle l'est d'autant plus que ses deux sœurs aînées ont des caractères plus affirmés (et l'une a de graves problèmes). Elle m'a plu par sa gentillesse et j'ai surtout beaucoup aimé le fait qu'elle prenne soin de sa mère même si cela doit la rendre malheureuse. C'est une fille qui n'oserait jamais blesser quelqu'un volontairement. Malheureusement, ce manque d'affirmation la pousse à être une suiveuse et à faire du mal à d'autres, ou du moins, à faire du mal par procuration car elle ne proteste jamais. Elle n'ose pas.
Et c'est en partie grâce à Phil qu'elle va se dévoiler, commencer à parler et à se confier sans crainte de blesser autrui ou d'être jugée. Elle va apprendre au fil du roman à faire valoir ses opinions et à s'affirmer.

Du côté des autres personnage, Phil (Owen en VO - non, je ne fais même plus de commentaires...) m'a paru très intéressant. L'auteur parvient à créer un personnage mentalement très différent de ses autres héros mais qui parvient encore à plaire (comme presque tous). J'ai énormément apprécié ce grand gaillard sombre, en colère mais honnête, passionné et compréhensif. Sarah Dessen n'a pas raté son coup, j'ai été de nouveau séduite.
Sophie est un personnage qui m'aura également marqué, car c'est LA garce du roman. Typiquement la fille que j'aurais eu envie d'étriper. Celle pour qui l'amitié est synonyme de dominant/dominé. C'est par le biais de ce personnage qu'une critique est d'ailleurs apportée sur le fait que, si un garçon trompe sa petite amie, c'est la fille avec qui il l'a trompée qui sera souvent la coupable, la "salope". Alors que le garçon, lui, s'en tire les mains dans les poches, car c'est presque normal dans son cas d'avoir succombé à une autre fille (qui était de toute façon une allumeuse cela va de soit). Sophie est un personnage qui encourage ce schéma-là, même si la société n'a pas besoin d'encouragements de ce côté-là...
Mais heureusement, d'autres personnages sympathiques - eux - sont également présents et gravitent autour d'Annabelle, comme Claire, Emily ou Rolly. Et même si les épreuves ou le passé a changé les relations, les véritables amitiés finissent toujours par ressortir et les relations évoluent avec le temps. Le passé ne peut pas être changé, mais rien n'est irrattrapable.

L'auteur parvient à nous mettre suffisamment de descriptions pour que l'on s'imagine parfaitement les personnages, sans plomber le récit ou balancer tous les détails d'une seule traite. Ça coule comme du beurre dans une poêle. C'est le parfait juste milieu.
En revanche, je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer que les héroïnes de Sarah Dessen sont pratiquement toujours blonde aux yeux bleus et ses héros brun aux yeux verts. Bizarre... Surtout que le physique est certainement ce qu'il y a de plus facile à créer, la diversité n'est donc pas si difficile que ça à créer d'un livre à l'autre (surtout sur un ou deux personnages seulement à chaque fois). Heureusement, leurs personnalités ne se ressemblent pas, et puis bon, ce n'est pas comme si ça me dérangeait vraiment hein.

Quelques petites choses m'ont un peu plus gênée par contre. Déjà, dans l'édition que j'ai emprunté du moins, il est indiqué que le titre original du roman est This Lullaby, qui est en fait celui de Cette chanson-là. Le titre original de Écoute-là étant en réalité Just Listen. Ça fait un peu tâche quand même...
Mais surtout, le pire a été ce gros cafouillage au niveau de la traduction à un moment donné du livre. En effet, vers la page 300, les personnages du roman Cette chanson-là font une apparition, seulement, les prénoms de Damien et Fred sont inversés et Julie se nomme désormais Caroline. J'ai vérifié dans la VO, et c'est bien une erreur de traduction. Mais du coup, si on ne le sait pas, ça fausse toute la compréhension de la scène. Peut-être n'est-ce plus le cas dans la réédition du roman avec la nouvelle couverture... Sauf que maintenant, je ne peux pas m'empêcher de me dire que, si ça se trouve, d'autres erreurs de ce genre sont éparpillées dans le roman (et je ne peux pas tout comparer à la VO).

Mis à part ça, j'ai adoré que la famille, et surtout les liens entre sœurs, soient mis en avant. Cela donne quelques passages vraiment très émouvants. Je me suis surprise à avoir la larme à l’œil à certains. Parce que malgré toutes les apparences, ces sœurs sont très attachées l'une à l'autre et nourrissent des sentiments d'infériorité dont elle ne se doutent pas entre elles. Elle sont persuadées que l'autre est toujours meilleure. Et c'est quand la vérité finit par sortir qu'on est au final très surpris.
C'est ainsi qu'Emma et Christine, les deux sœurs d'Annabelle, très différentes l'une de l'autre, vont chacune changer petit à petit et se trouver de nouveaux buts dans la vie. L'amour entre ces sœurs est très fort au final, et malgré toutes les tensions, les non-dits finissent par se dévoiler et leur permettent de mieux se comprendre. Personnellement, j'ai été très touchée par cette famille qui reste unie dans les épreuves.

Quand à la romance entre Phil et Annabelle, je n'ai rien à dire. C'est une romance qui prouve que même si l'on ne partage pas les mêmes goûts, on peut s'entendre et construire une relation basée sur l'hônneteté. Ça met même un peu de piment et d'humour. Et encore une fois, j'ai apprécié ce "non coup de foudre", où chacun doit apprendre à connaître l'autre avant de ressentir quoi que ce soit de plus.
Certes, elle manque toujours d'un peu plus de ce "piquant" qui la rendrait parfaite à mes yeux (car elles sont toujours toutes douces dans les romans de Sarah Dessen), mais honnêtement, ça ne me dérange pas tant que ça au final.

EN BREF :

Une découverte pleine de douceur et de sentiments et qui me pousse à vouloir encore lire les romans de l'auteur !

JAUGE DE LA TORTIONNAIRE :