Affichage des articles dont le libellé est Fantasy. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Fantasy. Afficher tous les articles

vendredi 12 mai 2023

Grisha - Tome 3 : L'oiseau de feu

Auteur : Leigh Bardugo

Édition : Milan (site)

Pages : 381

Prix : 16,90 €

Public : 15 ans et +

Commander le livre : sur Amazon

Résumé :

IMPOSTURE. MANIPULATION. TRAQUE.

Un royaume au bord du chaos.
Un tyran sur un trône d'ombre.
Une sainte sans pouvoirs.
Sans alliés. Sans armées..
Le combat final de la lumière contre les ténèbres.

LOYAUTE. AMOUR. RENAISSANCE.

Le salut de Ravka mérite-t'il tous les sacrifices ?
Seule l'Invocatrice de lumière en décidera.


L'AVIS DE LA TORTIONNAIRE :


Ma lecture du tome 5 ne remontant pas à si longtemps que ça, et vu que j'avais le tome 3 en stock, j'ai décidé de le sortir avant de tout oublier de cette saga.

On retrouve dans cette suite Alina qui, malgré sa puissance, a besoin de son équipe, ce qui rend les personnages secondaires utiles à l'intrigue. Elle ne pourrait rien faire sans eux. Et elle n'est pas non plus une héroïne parfaite, c'est très appréciable.
Je suis donc ravie de voir que l'auteur laisse de la place aux personnages secondaires. Ils ont leurs vies, leurs moments de gloire, leurs romances parfois, et leurs personnalité. Le groupe que l'on suit est totalement désassorti et pourtant ils forment ensemble une belle brochette de camarades que l'on se plaît à suivre. On s'attache vraiment à toute la bande, tous ont une place et un passé à traîner. Les personnages secondaires ne sont pas là pour être les faire-valoir d'Alina, et c'est un très bon point.

En revanche, j'ai eu beaucoup de mal avec Mal (sans mauvais jeu de mots). Monsieur sait tout faire, il est parfait, et à mes yeux c'est un peu trop. D'autant que son rôle d'amoureux tragique dans lequel il se complaît par ailleurs, est tout aussi agaçant.
Heureusement, Nikolaï qu'on retrouve avec plaisir m'a fait beaucoup rire. Il a toujours le mot qu'il faut et son humour fonctionne. Son côté pince-sans-rire me plaît bien. J'ai aussi adoré la fière Zora qui, derrière sa façade sans foi ni loi, a un cœur qui bat mine de rien. J'apprécie ce genre de personnages qu'on déteste au premier abord puis qui sont approfondis et qu'on finit par apprécier et comprendre.

Des révélations sur le Darkling - toujours aussi charismatique par ailleurs - et Baghra sont surprenantes. Les retournements de situation prennent de court et mettent réellement les personnages en danger, ajoutant une tension au récit. On sent qu'on peut les perdre à tout moment. L'action est parfois violente et horrible, mais cela donne un sentiment d'urgence et d'oppression qui font tourner les pages sans s'arrêter. Sans compter que je ne m'attendais à aucune des révélations qui ont été faites. Que ce soit sur le Darkling, Baghra ou Mal.
Les péripéties sont donc dures et sans pitié, et le Darkling est plus que jamais le monstre craint par le peuple. La rédemption à ce stade paraît impossible. Il n'empêche qu'il m'a fait de la peine, car c'est au final un homme bien seul.
L'intrigue avance dans une tension permanente. On ne sait jamais comment les situations vont tourner. La bande originale de Le Seigneur des Anneaux fût un parfait accompagnement à ma lecture bourrée d'actions épiques, de sacrifices, d'amitié, d'espoir et d'unité. 

La conclusion est pour moi tout à fait satisfaisante. Rien à redire. Je regrette seulement la mort d'un des personnages auquel je m'étais attachée. Il n'était certes pas le plus important, donc dispensable, mais tout de même, je l'aimais bien...

EN BREF :

Un ultime tome épique, sous tension, aux personnages attachants et bien construits et qui conclut parfaitement cette trilogie.


JAUGE DE LA TORTIONNAIRE :



LA TORTIONNAIRE VOUS EN DIT PLUS...

mardi 18 avril 2023

Havrefer - Tome 2 : La Couronne brisée

Auteur : Richard Ford

Édition : Bragelonne (site)

Pages : 521

Prix : 18,90 €

Public : 15 ans et +

Commander le livre : sur Amazon

Résumé :

Le roi Cael est mort et sa fille Janessa, seule et sans expérience, porte désormais la couronne de fer. Or la menace se profile : menée par le seigneur de guerre Amon Tugha, une horde colossale se rapproche, ne laissant que mort et destruction dans son sillage. Son objectif : Havrefer. Pour survivre, la cité doit d’abord se débarrasser des espions de la horde tapis dans ses entrailles, et protéger sa jeune reine coûte que coûte. Au palais de Guideciel, Kaira, l’intrépide guerrière et Merrick, le mercenaire rebelle sont chargés de cette dangereuse mission, tandis que dans les bas-fonds de la ville la jeune Loque, armée de sa seule intelligence, doit affronter la Guilde à la solde de l’ennemi. Chacun d’eux dessine à sa manière la carte de l’avenir de Havrefer. Mais le coût de la victoire ne serait-il pas plus terrible encore qu’une défaite ?


L'AVIS DE LA TORTIONNAIRE :


J'ai gardé un super souvenir du tome 1 qui était exactement le genre de fantasy que je souhaitais, et souhaite toujours, lire. C'est donc avec envie que j'ai enfin débuté cette suite.

J'ai eu un peu de mal au début car je ne me souvenais que peu des évènements du tome précédent. Et on ne peut pas dire qu'il y ait beaucoup de piqûres de rappel... La mise dans le bain fût donc délicate. Je ne me souvenais même plus de l'histoire de Nobul par exemple.

L'auteur n'aurait aussi pas dû ajouter un nouveau point de vue. Surtout qu'il n'était pas franchement utile au final. Il y a déjà trop de points de vue différents selon moi, et le fait de les voir changer à chaque chapitre morcelle beaucoup trop l'action et rend la lecture peu agréable.
Cela dit, je tiens à préciser qu'il y a autant de points de vue que dans le tome précédent car Rivière est absent de ce tome. Pour autant, cette suite est tout de même beaucoup moins entraînante. Le découpage est mal fait je trouve, car l'action et le suivi des intrigues sont sans cesse coupés et cela devient plus frustrant qu'autre chose à la longue. 
Pour moi, l'auteur aurait dû conserver les points de vue du premier tome afin que l'on continue à suivre ces personnages auxquels on s'était attaché, se concentrer sur eux uniquement et alterner moins souvent pour qu'on ait le temps de s'investir dans l'intrigue.

Je suis également plutôt déçue par la tournure de certains personnages que j'aimais beaucoup dans le premier tome. Notamment Nobul qui devient un psychopathe (pas sans raison certes, mais tout de même). Et ne parlons pas de Merrick qui "choisit" de suivre son père pour le rendre fier alors que c'est totalement malsain et ne correspond pas à son personnage pour moi. Et, alors que j'avais trouvé le duo Kaira/Merrick très prometteur (romantiquement parlant, j'aurais vraiment parié sur eux), rien ne se passe. Zéro romance dans cette suite, et je dois bien avouer que cela m'a manqué.

Le point de vue le plus intéressant est très certainement celui de Janessa. On observe à travers elle les premiers pas d'une reine. Elle apprend la politique, côtoie les embûches, et doit apprendre à se battre. Sa place est loin d'être simple.
Au final, aucun autre point de vue ne m'a réellement intéressé malheureusement... Tout simplement parce que les personnages en question soit ne me branchaient pas plus que ça (Nobul, Waylan et Loque), soit parce qu'ils n'évoluent pas (Kaira), ou encore évolue dans un sens qui me déçoit (Merrick). Bref, côté personnages, c'est la déception. Et c'est pour moi l'aspect le plus important d'un roman...

D'autant que cette suite est clairement un exercice de transition vers les évènements prévus pour le tome 3, et cela se sent très fort. Peut-être un peu trop. Pour résumer, toute l'intrigue repose sur les préparatifs du siège de Havrefer.
Au moins la fin annonce le siège de Havrefer, et j'espère un vrai côté épique à la Seigneur des Anneaux ! En tout cas, de ce côté-là, ça promet !

EN BREF :

Une déception concernant l'évolution des personnages mais une conclusion pouvant amener un dernier tome épique (espérons !).


JAUGE DE LA TORTIONNAIRE :



LA TORTIONNAIRE VOUS EN DIT PLUS...

  • Chronique du tome précédent : 

dimanche 2 avril 2023

Un palais d'épines et de roses

Auteur : Sarah J. Maas

Édition : La Martinière J. Fiction (site)

Pages : 521

Prix : 18,90 €

Public : 15 ans et +

Commander le livre : sur Amazon

Résumé :

En chassant dans les bois enneigés, Feyre voulait seulement nourrir sa famille. Mais elle a commis l'irréparable en tuant un Fae, et la voici emmenée de force à Prythian, royaume des immortels.
Là-bas, pourtant, sa prison est un palais magnifique et son geôlier n'a rien d'un monstre. Tamlin, un Grand Seigneur Fae, la traite comme une princesse.
Et pourquoi lui et sa cour se cachent-ils derrière des masques ? Quel est le mal qui ronge son royaume et risque de s'étendre à celui des mortels ?
A l'évidence, Feyre n'est pas une simple prisonnière. Mais comment une jeune humaine d'origine aussi modeste pourrait-elle venir en aide à de si puissants seigneurs ? Sa liberté, en tout cas, semble être à ce prix.


L'AVIS DE LA TORTIONNAIRE :


Après en avoir entendu parler en long en large et en travers, sans avoir spécialement envie de le lire, j'ai fini par céder aux sirènes clamant que cette saga valait le coup d'être commencé. Il faut dire qu'à l'origine, je n'avais pas entendu tant de bien de ce premier tome, mais plusieurs avis précisait que la suite était bien meilleure et que cela valait le coup de se lancer. Alors au final, j'ai tenté sans espérer beaucoup de ce premier tome, et j'ai pourtant été agréablement surprise !

En premier lieu, l'héroïne m'a directement fait penser à Katniss de la trilogie Hunger Games. Elles sont de la même trempe, forgée dans l'acier, à penser avant tout à la survie au jour le jour. 
Cela dit, je n'ai pas du tout apprécié que Feyre soit présenté comme la seule personne valable de sa famille (deux sœurs et un père). Il n'est pas nécessaire de rabaisser l'entourage d'un personnage principal pour le faire briller. Feyre, son père et ses deux sœurs forment une famille bancale qui fait peine à lire.
Heureusement, beaucoup plus tard, l'auteur présente une autre facette d'une des sœurs de Feyre. Celle qui me plaisait le plus à vrai dire, malgré son portrait au vitriol. Tout simplement parce qu'elle dégageait une force de caractère et une terrible fierté que je trouvais intéressante sans tomber dans le cliché de l'héroïne badass habituelle. On saisit finalement que Feyre et elle ne se comprennent pas, et l'héroïne va finalement réviser l'avis qu'elle avait sur sa sœur aînée Nesta.

Chaque personnage secondaire a sa personnalité et son passé. Globalement, les personnages sont bien construits. De ce côté-là, ce premier tome est réussi.
J'ai tout de suite apprécié l'inimitable Lucien pour son humour et sa franchise. Puis j'ai accroché à Tamlin qui, au départ très étrange, finit par montrer un côté charmant voire carrément séduisant. Mais il garde derrière son charme une part de mystère et l'on sent bien son côté écorche vif. Ah, et puis il est blond, enfin un peu de changement au pays des bruns ténébreux...
J'avais beaucoup entendu parler de Rhys dans plusieurs chroniques, et pour moi ça ne l'a pas fait. Déjà parce que l'on part sur un énième brun ténébreux dans tous les sens du terme (je lève les yeux au ciel très fort), un portrait qui me lasse depuis longtemps. Sans compter qu'il est aussi sarcastique et cruel, c'est on ne peut plus déjà-vu... Aucune originalité. Et son comportement envers Feyre ne trouve pas d'excuse vu le but qu'il poursuit. D'autant qu'on sent vraiment trop que l'auteur tente de le rendre supérieur à Tamlin. C'est gros comme une maison...

Concernant Feyre, comme je le disais au début, elle est dure et pense en priorité à sa survie et à celle de sa famille. J'ai particulièrement apprécié qu'elle ait du répondant sans pour autant ne pas réfléchir à ses paroles. Elle pense à survivre avant de faire sa maligne. Ses joutes verbales avec Lucien sont un pur régal. J'ai parfois ri franchement devant certains dialogue (ce qui est assez rare pour être noté !).
La romance entre Tamlin et Feyre est bien menée. Tout se fait avec le temps et rien ne se passe entre eux avant un bon moment, ce qui est tout de même plus crédible vu le contexte et surtout le fait que Feyre hait les Fae plus que tout.

L'intrigue est très mystérieuse dans le bon sens du terme. On nage dans une ambiance de bal masqué éternel et de secrets. On découvre l'univers des Fae avec Feyre, pièce par pièce, secret après secret et découverte après découverte. On apprend à connaître les coutumes, la politique, l'histoire, les habitants et surtout les dangers de ce monde incroyable.
Une majeure partie du roman demeure donc sous le signe du mystère avec quelques notes sombres et angoissantes mais cela reste sans commune mesure avec le dernier quart du livre, franchement cruel. À partir de là, le roman change clairement de ton pour faire de Feyre l'héroïne d'un conte sombre et cruel. Elle passe par des épreuves toutes plus horribles les unes que les autres. Le vilain est un monstre de cruauté mais ne l'est devenue sans raison. On finit par se demander comment Feyre peut tenir le coup. Elle, simple humaine dans un monde de magie. Il lui arrive de s'effondrer à juste titre, mais elle finit toujours par trouver un immense courage pour affronter ce qu'on lui réserve. La façon dont elle gérera dans la suite ce qu'on l'a obligé à faire promet d'être intéressante.
À noter que j'avais entendu de ce premier tome qu'il était une adaptation de La Belle et la Bête, mais il faut attendre longtemps avant de voir l'ampleur des points communs entre les deux intrigues (puis j'ai appris que l'on était bien plus sur une adaptation d'une balade écossaise en fait, mais c'est moins connu).

En revanche, la fin m'a déçu sur un point. Dans les romans mettant en avant des créatures fantastiques aux pouvoirs supérieurs, il est bien trop de bon ton de rendre l'humanité inutile et has been. Et ça m'agace.

EN BREF :

Un premier tome aux personnages forts et bien construits, à la romance menée intelligemment. Avec une première partie à l'atmosphère mystérieuse et envoûtante, puis une dernière partie qui surprend par son côté sombre et cruel.


JAUGE DE LA TORTIONNAIRE :



LA TORTIONNAIRE VOUS EN DIT PLUS...

  • Ce livre est le premier tome d'une saga de 4 tomes.
  • Le tome 2 Un palais de colère et de brume, le tome 3 Un palais de cendres et de ruines et le tome 4 Un palais de glace et de lumière sont déjà parus en VF chez La Martinière J. Fiction.
  • Un spin off Un palais de flammes et d'argent est également déjà paru en VF chez La Martinière J. Fiction
  • D'autres spin off sont prévus en VO.

vendredi 30 octobre 2020

Grisha - Tome 2 : Le dragon de glace

Auteur : Leigh Bardugo

Édition : Milan (site)

Pages : 430

Prix : 16,90 €

Public : 15 ans et +

Commander le livre : sur Amazon

Résumé :

Un pays déchiré par la guerre civile.
Une jeune femme idolâtrée, rongée par ses propres pouvoirs.
Un corsaire flamboyant et mystérieux.
Un soldat renégat, en proie aux doutes.
Une menace grandissante.
Un danger imminent.
Pour s'opposer au Darkling, Alina devra explorer ses propres ténèbres. Au risque d'y perdre sa lumière.


L'AVIS DE LA TORTIONNAIRE :


Attention : risque de spoilers sur le tome précédent !

Après l'abandon de la publication de la saga par Castelmore, j'ai bien failli me débarrasser du tome 1 et me lancer dans la VO. Heureusement, le succès de la saga spin-off Six of Crows m'a redonné l'espoir d'une récupération de la trilogie originale par Milan, ce qui heureusement a été le cas. J'aurais été dégoûtée de voir encore une saga de fantasy pour jeunes adultes me passer sous le nez... surtout que le premier tome m'avait vraiment plu !

Au niveau de l'intrigue, ce tome 2 est beaucoup plus politique que le premier, et l'histoire contient moins d'"action" à proprement parler. Et ce n'est pas un mal, car une tension peut être conservée même sans action physique. Mais au final, ici, il faut reconnaître que l'intrigue traîne pas mal (comme dans de nombreux tomes 2 de trilogies en réalité) et paraît allonger le roman pour pas grand chose. On sent complètement qu'on lit un tome de transition.

Heureusement, Alina s'affirme nettement dans cette suite. Et c'est très certainement le point le plus positif du roman ! Elle apprend mais n'oublie pas d'où elle vient, et c'est ce qui lui permet d'apporter des changements drastiques, certes difficiles à accepter pour les Grishas, mais qui les poussent vers plus d'ouverture. Elle a plus de responsabilités et le gère très bien : avec maturité mais en conservant ses valeurs. Elle apprécie son pouvoir, et ce même s'il prend parfois le dessus sur elle. Mais je trouve cela très intéressant à explorer pour le personnage qui de ce fait devient moins manichéen. Cela dit, en dépit de ses décisions matures, Alina reste encore trop dépendante de Mal et cela dessert son personnage qui perd en crédibilité. C'est certainement le seul reproche que je pourrais faire à cette héroïne pour le moment.

Le personnage de Mal m'a par contre TOTALEMENT insupporté dans cette suite ! Bien qu'il me laissait relativement indifférente au début, il est devenu au fur et à mesure du déroulement des évènements im-bu-va-ble. Il est aigri en permanence et donne l'impression d'envier les Grisha et le pouvoir d'Alina. Il aimerait d'ailleurs bien qu'Alina reste sa petite possession fragile... Il en devient même jaloux de sa vie sentimentale alors qu'il batifole comme pas deux à côté. L'hôpital qui se fout de la charité en somme...

Tous les autres personnages n'ont pas beaucoup de place dans cette suite, excepté Nikolai, qui est un personnage dont je ne sais pas encore trop quoi penser. Et cette esquisse de triangle amoureux dont il fait partie me déplaît fortement. Pourtant, en lui-même, Nikolai est sympathique, mais on ne voit pas encore assez ses fêlures pour qu'il ait un réel intérêt à mes yeux. Il est certes intéressant, atypique, mais on ne sait pas où est le vrai Nikolai et donc sur quel pied danser. Il a donc du potentiel à exploiter mais ce n'est pas encore suffisamment bien fait ici.
Le Darkling est, quant à lui, beaucoup plus effacé cette fois-ci, et c'est fort dommage car j'aimais beaucoup la dualité du personnage que l'on observait dans le tome précédent. C'est un des points qui m'a énormément déçu dans ce tome 2... L'auteur avait réussi a en faire un personnage très ambigu et charismatique dans le premier tome et il donne maintenant juste l'impression de remplir le rôle typique et conventionnel du méchant (en gardant heureusement un peu de son charisme, merci !).

EN BREF :

Un tome 2 qui met en valeur Alina de belle façon : son personnage mûrit, ses pouvoirs également, et sa dualité est bien explorée. Cependant, l'intrigue se traîne et les personnages secondaires sont trop en retrait, excepté Mal qui devient insupportable.


JAUGE DE LA TORTIONNAIRE :


LA TORTIONNAIRE VOUS EN DIT PLUS...

  • Chronique du tome précédent :

samedi 24 octobre 2020

La Passe-miroir - Tome 2 : Les Disparus du Clairdelune

Auteur : Christelle Dabos

Édition : Gallimard Jeunesse (site)

Pages : 551

Prix : 19 €

Public : 12 ans et +

Commander le livre : sur Amazon

Résumé :

Fraîchement promue vice-conteuse, Ophélie découvre à ses dépens les haines et les complots qui couvent sous les plafonds dorés de la Citacielle. Dans cette situation toujours périlleuse, peut-elle seulement compter sur Thorn, son énigmatique fiancé ? Et que signifient les mystérieuses disparitions des personnalités influentes à la cour ? Ophélie se retrouve impliquée malgré elle dans une enquête qui l'entraînera au-delà des illusions du Pôle, au cœur d'une redoutable vérité.


L'AVIS DE LA TORTIONNAIRE :


Attention : risque de spoilers sur le tome précédent !

Ayant gardé un très bon souvenir du premier tome, il ne me fût pas difficile de commencer cette suite. J'avais même hâte de retrouver Ophélie, Thorn et cet incroyable et imaginatif univers qu'a cuisiner l'auteur !

Comme prévu, j'ai retrouvé avec plaisir cette héroïne unique qu'est Ophélie ! Et qui fait toujours autant preuve d'un courage hors-norme en dépit de ses faiblesses (c'est ce qui fait la force du personnage et surtout, ce qui la rend très attachante). La petite naïve (mais pas cruche !) ne sait même pas qu'elle tient le cœur de Thorn entre ses mains, et ça, c'est toujours aussi jouissif à lire ! Voir un petit bout de femme timide et physiquement fragile réussir à déstabiliser ce grand dadais taciturne de Thorn me régale toujours autant. On peut par ailleurs constater que c'est toujours Ophélie qui met plus de temps à avoir les yeux en face des trous concernant leurs sentiments. Leur histoire est par conséquent tout en progression dans ce tome également puisque Ophélie se voile encore la face, mais ce ne serait pas drôle sinon.

En revanche, dommage que Thorn soit un peu trop absent dans cette suite. Cela dit, pour compenser, on en découvre bien plus sur lui, sur ce qui a forgé la personne qu'il est devenu et le but qu'il poursuit réellement. Un mal pour un bien en somme (mais l'idéal aurait été d'avoir les deux...). 
À noter que j'ai grandement apprécié le voir se dévoiler un peu plus ici. Il est aussi beaucoup plus démonstratif envers Ophélie. Certaines réactions de sa part prouvent sans équivoque qu'il ne lui est pas insensible et qu'elle le déstabilise toujours un peu plus. Ou alors je commence à mieux le connaître... En tout cas c'est ce que j'attendais, j'en suis donc ravie. Ce tome contient d'ailleurs sa part de belles déclarations à Ophélie. Comme quoi, quand il veut il peut le gredin ! Enfin, toujours est-il que Thorn reste tout de même Thorn et qu'il est souvent très frustrant, mais c'est son caractère, sans ça on ne le reconnaîtrait pas. En revanche, il est toujours aussi intègre, on ne peut pas lui enlever ça. 

Concernant les personnages non principaux, je suis plutôt déçue de ne pas en avoir vu plus concernant Archibald, l'un de mes personnages favoris. Quelques passages nous laissent entrevoir le véritable Archibald derrière la façade enjouée et batifoleuse, mais ce n'est pas encore assez pour moi. Il faut que ses fêlures se creusent, qu'il ne devienne pas juste un side-kick uniquement présent pour ajouter une touche de drôlerie. On est sur la voie, mais j'en attends plus dans la suite.
Et je regrette toujours autant le manque de personnages de l’âge d'Ophélie, que ce soit garçon ou fille. Mais cela n'en rend pas non plus le roman plus mauvais.

Du côté de l'univers, ce tome 2 nous permet de découvrir enfin le monde en-dehors du Pôle, et les politique qui y sont menées et qui diffèrent selon les Arches. Encore une fois, conflits, trahisons et manipulations sont de la partie et toujours autant mis en valeur par une écriture ciselée.
Si une bonne part de l'intrigue est sous forme d'enquête, ce qui normalement n'est pas franchement ma tasse de thé, fort heureusement, elle reste étroitement liée à la trame principale : le Livre de Farouk et les origines de la brisure du monde.

EN BREF :

Une suite digne de son premier tome. Le style y est toujours aussi impeccable, l'univers cuisiné aux petits oignons et Thorn et Ophélie forment un duo addictif qu'on aimerait voir plus souvent (c'est mon principal regret). Dommage que les personnages secondaires manquent toujours de place en revanche.


JAUGE DE LA TORTIONNAIRE :


LA TORTIONNAIRE VOUS EN DIT PLUS...

  • Chronique du tome précédent :

samedi 28 septembre 2019

Le Dernier Royaume - Tome 5 : L'Ouragan de cristal

Auteur : Morgan Rhodes

Édition : Michel Lafon (site)

Pages : 423

Prix : 15,95 €

Public : 15 ans et +

Commander le livre : sur Amazon

Résumé :

Magnus et Cléo devront tester la force de leur amour face au retour du terrible roi du Sang, en quête de rédemption.
Lucia, enceinte de l’enfant d’une Sentinelle, est prête à tout pour accomplir la prophétie qui assurera la survie de son enfant, avant que la magie en elle s'éteigne définitivement.
Amara a pris le trône de Mytica de force mais se retrouve dans l’incapacité de déchaîner la magie de l'Eau du cristal qu’elle a volé. Sans ce pouvoir, la gloire et la vengeance restent hors de portée.
Jonas, de retour à Mytica, souhaite renverser Amara, mais le destin le pousse sur le chemin de la belle princesse Lucia qui entraîne le rebelle dans une périlleuse aventure.


L'AVIS DE LA TORTIONNAIRE :


Attention : risque de spoilers sur le tome précédent !

Bien que j'adore cette saga depuis le début, je trouve qu'elle ne va malheureusement pas en s'améliorant... C'est donc un chouïa moins intéressée que j'ai commencé ce tome (même si je me suis jetée dessus pour l'acheter quand même, parce qu'on ne sait jamais).

Depuis un petit moment, la saga commence à traîner en longueur, et surtout, s'attarde trop sur Cléo et Magnus. On voit que l'auteur veut les mettre en avant, même si c'est au détriment d'autres personnages qui se retrouvent mis au rebut. Cela donne par moment l'impression que l'auteur fait carrément du fan service car elle sait que Magnus est le personnage le plus populaire de sa saga.
Personnellement, j'en ai soupé du prince torturé, alors qu'on laisse la place aux autres. Certaines répliques de Magnus sont par ailleurs tellement clichés que c'en est ridicule et son côté prince sombre et torturé devient ô combien lassant. On a vraiment l'impression que Magnus ne vit qu'à travers ce trait de personnalité et que l'auteur en fait tout un flan et mise tout là-dessus quand, pour moi, on en a fait le tour. Combien de fois j'ai levé les yeux au ciel en lisant... Et Cléo n'est pas mieux puisqu'elle est tellement idéalisée qu'elle en devient une Mary-Sue.

Sans compter qu'au-delà de Cléo et Magnus pris individuellement, le duo qu'ils forment n'arrange rien... Le favoritisme pour le couple Cléo/Magnus est évident alors même qu'il ne figure pas parmi mes favoris (deux sang bleu, forcés de se marier et qui tombent dans les bras l'un de l'autre, comme c'est commode...). On en a clairement fait le tour de ces deux-là, mais l'auteur leur créé sans arrêt des disputes qui allongent inutilement le roman, qui n'a déjà pas beaucoup de pages. Ces passages auraient pu être utilisés pour développer d'autres personnages tant qu'à faire.
Il aurait par exemple été préférable de mettre un peu de côté Magnus et Cléo (dont on a fait le tour maintes fois...), pour faire un peu de place au nouveau duo de Jonas et Lucia qui, en plus de n'apparaître que dans le dernier quart du tome (ce que ne laisse pas entendre le résumé...), ont très peu de place. Comme leur duo est pourtant annoncé en quatrième de couverture, je m'attendais à le voir débarquer assez vite, mais ce fût tout le contraire. Sachant qu'il ne reste plus qu'un tome dans cette saga, j'envisage le pire... Car vu qu’ils ne se rencontrent que dans le dernier quart du roman, et si Magnus et Cléo continuent d'envahir la saga à tout bout de champ, le développement risque d'être trop faible. Cela dit, même si je préférais Cléo et Jonas, je dois reconnaître que le nouveau duo de Lucia et Jonas a du potentiel.

Étrangement, alors qu'elle n'est pas le personnage le plus attachant qui soit, j'ai trouvé Lucia plus intéressante que Cléo. Elle cherche le repentir mais garde un côté hautain et la fâcheuse habitude de recourir à la violence pour obtenir ce qu'elle veut. Certes, on peut se demander où est la Lucia altruiste du premier tome (le changement est plus que radical...), mais au moins ses défauts font d'elle un personnage avec beaucoup plus de relief que la parfaite, prévisible et ennuyeuse Cléo.
Amara est quant à elle un antagoniste réussi dans le sens où j'ai des sentiments mitigés envers elle. Cruelle, sans pitié, manipulatrice, avide de pouvoir, je parviens tout de même à comprendre ce qui l'a rendue ainsi et certains passages prouvent qu'elle n'est pas totalement sans cœur.
J'aurais apprécié que Felix soit plus mis en avant parce qu'il le mérite et que je le trouve intéressant, mais Magnus et Cléo (que je maudis une fois encore) bouffent littéralement le roman.

Concernant l'intrigue, je commence à me demander si l'auteur avait un vrai plan pour sa saga car certains retournements de situation sont bien trop faciles. Des morts, des résurrections, des objets magiques puissants, on croirait que l'auteur invente au fur et à mesure. Sans compter que l'intrigue n'est pas aidée par la présence de dialogues qui confinent parfois au kitsch.
Et comme trop souvent, le dernier quart du tome est celui qui contient le plus d'action, mais cela reste sans aucun doute la partie la plus plaisante car le reste du roman traîne et nous inflige les atermoiements ridicules de Magnus et Cléo. Cela dit, si l'intrigue traîne, le roman reste pourtant trop court car les autres personnages auraient mérité plus d'attention et de développement de la part de l'auteur, notamment le duo de Jonas et Lucia.
Au final je pense que l'auteur s'est trop éparpillée, en plus faire du favoritisme malvenu (pour se mettre la plupart des lecteurs dans la poche... ?). Elle aurait dû ne conserver que les quatre principaux personnages et se concentrer à parts égales sur eux pour avoir un développement de ses personnages digne de ce nom.

EN BREF :

J'irais presque jusqu'à dire que cette saga - que j'ai adoré - touche le fond. L'auteur s'acharne à ne donner de l'importance qu'à Magnus et Cléo quitte à faire du fan service, et ce, totalement au détriment des autres personnages qui méritaient mieux que ça. Sans compter que l'intrigue paraît brodée au fur et à mesure.


JAUGE DE LA TORTIONNAIRE :


LA TORTIONNAIRE VOUS EN DIT PLUS...

  • Le tome 6 (le dernier) Immortal Reign est déjà disponible en VO.
  • Deux prequels Crimson Dagger et Obsidian Blade (tout deux sur la jeunesse de Magnus) sont disponibles uniquement en VO et en e-book.
  • Chronique des tomes précédents :

vendredi 30 novembre 2018

The Curse

Auteur : Marie Rutkoski

Édition : Lumen (site)

Pages : 456

Prix : 15 €

Public : 12 ans et +

Commander le livre : sur Amazon

Résumé :

Fille du plus célèbre général d'un empire conquérant, Kestrel n'a que deux choix devant elle : s'enrôler dans l'armée ou se marier. Mais à dix-sept ans à peine, elle n'est pas prête à se fermer ainsi tous les horizons. Un jour, au marché, elle cède à une impulsion et acquiert pour une petite fortune un esclave rebelle à qui elle espère éviter la mort. Bientôt, toute la ville ne parle plus que de son coup de folie. Kestrel vient de succomber à la  "malédiction du vainqueur  : celui qui remporte une enchère achète forcément pour un prix trop élevé l'objet de sa convoitise.
Elle ignore encore qu'elle est loin, bien loin, d'avoir fini de payer son geste. Joueuse hors pair, stratège confirmée, elle a la réputation de toujours savoir quand on lui ment. Elle croit donc deviner une partie du passé tourmenté de l'esclave, Arin, et comprend qu'il n'est pas qui il paraît... Mais ce qu'elle soupçonne n'est qu'une infime partie de la vérité, une vérité qui pourrait bien lui coûter la vie, à elle et à tout son entourage.
Gagner sera-t-il pour elle la pire des malédictions ? Jeux de pouvoir, coups de bluff et pièges insidieux : dans un monde nouveau, né de l'imagination d'une auteure unanimement saluée pour son talent, deux jeunes gens que tout oppose se livrent à une partie de poker menteur qui pourrait bien décider de la destinée de tout un peuple.


L'AVIS DE LA TORTIONNAIRE :


Un vrai petit bijou de couverture et un résumé alléchant, il ne m'en a pas fallu plus pour acheter ce roman, mon tout premier des éditions Lumen.

Le principal aspect positif du roman, c'est Kestrel. Elle est une héroïne qui change un peu et c'est loin d'être un mal. Loin d'exceller aux arts du combat comme la plupart de ses pairs, elle est plutôt une fine tacticienne et une joueuse de poker très douée. Il est agréable de voir enfin une héroïne de son acabit. Si elle devait finir dans une maison de Poudlard, il n'y a aucun doute qu'elle serait chez Serpentard. Elle n'est pas du tout attirée par les arts du combat (et n'y est de toute façon pas douée comme dit précédemment), mais elle rattrape cette faiblesse par une grande vivacité d'esprit. Elle doit toujours se montrer plus maligne que son adversaire pour l'emporter et toujours garder un coup d'avance. Elle est aussi courageuse mais pas téméraire.
Kestrel n'est pas une héroïne idéalisée, ce n'est pas l'héroïne qui se sacrifie, elle est même dotée, au contraire, d'un très fort instinct de survie et d'un esprit stratège qui la pousse à prendre des décisions parfois dures et implacables voire brutales. Et elle se sent coupable d'être aussi calculatrice, mais c'est son caractère. Personnellement, j'ai apprécié cette héroïne à la personnalité peu habituelle dans le genre.

La relation attendue entre Arin et Kestrel évolue d'abord vers une amitié, ce qui n'est pas pour me déplaire. Malgré tout, l'étape de l'amitié ne s'éternise pas, ce qui est fort dommage... De plus nombreuses rencontres entre les deux n'auraient pas été du luxe car le développement de la romance est encore assez faible pour moi.
Et si dans le derniers tiers du roman Arin et Kestrel apprennent vraiment à mieux à se connaître, le point de vue d'Arin reste trop peu présent. Pourtant, ne serait-ce que du point de vue de la romance, il aurait été intéressant d'être plus souvent dans sa tête car on ne voit que trop peu l'évolution de son côté.

Cela dit, j'ai adoré lire un roman où c'est l'héroïne qui vole au secours du héros en détresse ! Tout comme le fait qu'aucun des deux n'est prêt à abandonner ses objectifs pour l'autre. Ni Kestrel, ni Arin ne peuvent trahir leur patrie, et cela me paraît tout à fait réaliste. Les deux personnages ont de vrais priorités et ont beaucoup de mal à se faire confiance. Ils ne relâchent jamais vraiment leur vigilance.
Sans compter qu'en plus de ça, ils sont tous les deux de sacrés joueurs de poker menteur, alors autant dire que la romance va être compliquée entre deux personnalités pareilles ! Il est d'ailleurs très amusant de les voir se piquer, se jauger et se piéger. Ils ont tous les deux un très bon sens de l'observation et sont parfois même un peu trop sûrs d'eux, ce qui leur joue des tours. Ce sont des aspects qui me font encore plus regretter que la romance se mettent en place trop tôt car il y avait le potentiel de faire bien mieux.

Heureusement que les deux héros sont réussis, car n'espérez pas de personnages secondaires notables. Ils sont bien trop en retrait. Tant et si bien qu'aucun attachement n'est possible. Jess est d'ailleurs le cliché habituel de la meilleure amie de l'héroïne : énergique, romantique et un peu superficielle. Bref, rien à retenir de ce côté-là.

Du côté de l'intrigue, j'ai été ravie de constater qu'aucun des deux camps en présence n'est noir ou blanc. En effet, on finit par s'apercevoir que chaque côté a ses brebis galeuses et des choses à se reprocher.
Mais, bien que l'on n'attende que peu de pages avant de voir débarquer Arin, j'ai malgré tout vite commencé à m'ennuyer. En effet, les rencontres entre Arin et Kestrel ne sont pas très nombreuses et on assiste plus à toutes les sorties mondaines de la bonne société qu'à autre chose. Je cherchais un gros enjeu dans tout ça que je n'apercevais pas. Pour moi, l'action prend trop de temps.
Le dernier tiers du roman est, lui, bien meilleur. Les retournements de situation s'enchaînent et tout se complique tant que l'on se demande où tout cela va mener les deux héros. Beaucoup d'action et de tension au programme dans cette partie, et il aurait été pas mal que tout le roman suive ce rythme.

Je regrette aussi qu'une certaine superficialité ressorte de ce premier tome. On jurerait que l'auteur avait déjà le public visé en tête lorsqu'elle a écrit ce roman. Ou alors ça a été vachement censuré, car j'ai eu l'impression que l'auteur esquivait tout ce qu'il y a de plus horrible dans l'esclavage, contrairement à Une braise sous la cendre qui n'épargnait pas ses lecteurs. Du coup, j'en suis sortie avec l'impression d'avoir lu un roman trop jeunesse pour moi. Je m'attendais à un récit pour les 15 ans et plus, mais on est plus sur du 12 ans et plus. Et vu le sujet abordé, j'attendais plus de dureté et peu de concessions. Le dernier quart est peut-être un peu plus âpre, mais pas de beaucoup, tout est quand même habilement esquivé, comme si on ne voulait pas nous traumatiser.

Le style est, quant à lui, simple, peut-être même un peu trop. J'ai noté en sus pas mal de tournures maladroites, de phrases à rallonge qui me perdaient en route et un manque de détails qui m'empêchait d'imaginer correctement une scène. La faute en revient-elle à la traduction ou au style de l'auteur ? Aucune idée, mais cela reste gênant.

EN BREF :

Kestrel et Arin sont dotés de deux personnalités très intéressantes, ce qui fait regretter encore plus que leur relation manque d'évolution, d'autant que les personnages secondaires sont tout à fait oubliables. Au vu du sujet, le roman manque aussi de dureté et ne devient vraiment prenant que dans le dernier quart.


JAUGE DE LA TORTIONNAIRE :


LA TORTIONNAIRE VOUS EN DIT PLUS...

  • Ce livre est le premier tome d'une trilogie.
  • Le tome 2 The Crime et le tome 3 The Kiss sont déjà disponibles en VF chez Lumen
  • Une nouvelle intitulée Bridge of Snow (nouvelle sur l'enfance d'Arin) est également disponible uniquement en e-book et en VO.

vendredi 16 juin 2017

La Lectrice

Auteur : Traci Chee

Édition : R (site)

Pages : 517

Prix : 18,90 €

Public : 15 ans et +

Commander le livre : sur Amazon

Résumé :

II ÉTAIT UNE FOIS, ET UNE FOIS IL SERA...
Ainsi commence l'histoire de Sefia, qui a perdu sa mère, son père, puis sa tante Nin à cause d'un étrange objet rectangulaire.
CECI EST UN LIVRE.
Dans un monde où personne ne sait lire, Safia va devoir poursuivre une triple quête de sens, de vérité et de vengeance. Épaulée par un mystérieux allié qui possède ses propres sombres secrets, elle va sillonner jungles et mers, au gré de ces histoires qui font l'Histoire avec un grand H...


L'AVIS DE LA TORTIONNAIRE :


À l'idée de commencer ce roman, je dois avouer que je me sentais un peu sous pression. Et pour cause, ce dernier ayant été encensé par les critiques à l'étranger. Sans compter que le savoir comparé à Cœur d'encre et Six of Crows, deux sagas que j'ai adoré, n'amoindrissait pas la pression. Lorsque la barre est haute à ce point, j'appréhende toujours d'être amèrement déçue... Enfin bref, tout cela ne m'a quand même pas empêché de tenter l'aventure !

Dès l'ouverture, j'ai d'abord découvert la carte de l'univers : un très bon point pour moi. On a ainsi immédiatement un aperçu de l'univers de l'auteur à travers cette carte au design immersif. Cela permet aussi de pouvoir s'y référer en cours de lecture pour situer une action ou encore un contexte géo-politique.
Les décors dévoilés lors du premier chapitre changent d'ailleurs agréablement, et la couverture en est une illustration probante. Ça sent la jungle, la mer, le sel et les vagues, les pirates et la poudre. On est totalement dépaysé !

Et pas besoin ici d'attendre cinquante pages que l'élément perturbateur pointe le bout de son nez. On est immédiatement plongé dans l'action et avons un aperçu de la dureté du ton qui ne fera que se confirmer dans la suite des évènements.
L'univers dans lequel Sefia mène sa quête est en effet sans pitié. Entre pirates, enlèvements d'enfants, combats d'esclaves, magie cruelle, ... je ne vous fait pas un dessin, mais le danger est partout.

Pour autant, ce serait une erreur de croire que ce monde est manichéen. L'auteur a fait du bon travail sur la complexité de ses personnages. Pas de combat confrontant le Bien et le Mal. Chaque aspect de l'univers a une raison et chaque personnage est suffisamment profonds pour n'être ni totalement bon, ni totalement mauvais. Certains d'entre eux ont des buts, certes louables, mais empruntent de bien terribles moyens. Ces personnages-là illustrent à merveille le dicton "L'Enfer est pavé de bonnes intentions". Et les différents points de vue que nous offre l'auteur prouvent l'existence de ces nuances de gris chez chacun des protagonistes. On peut ici aisément éprouver de l'empathie pour les ennemis de Sefia.

Sefia qui est par ailleurs une héroïne très appréciable. Débrouillarde, déterminée mais aussi altruiste et empathique. Bon point également pour la diversité, l'héroïne étant physiquement d'origine asiatique (et ce n'est pas la seule représentante non blanche du casting).
J'ai en outre bien accroché à la relation développée entre Archer et Sefia. J'ai d'ailleurs rarement vu un personnage aussi écorché et traumatisé qu'Archer. Et là ce n'est pas écorché de façon romancé. Ce personnage est vraiment détruit psychologiquement et physiquement. La relation qu'il noue avec Sefia en est d'autant plus touchante. Et pas de mièvrerie ici (merci !). C'est d'abord une association qui devient par la suite une belle amitié, et peut-être plus, qui sait... Le côté romantique est discret, pas de déclarations mielleuses. C'est une lente évolution. Du tout bon.

Là où j'ai malheureusement déchanté - et c'est en plus l'un des points les plus importants de l'intrigue - c'est à propos du fameux Livre. Je ne lui voyais aucun intérêt si ce n'est justifier le titre du tome. Les extraits lus par Sefia avaient même plutôt tendance à me disperser et à me perdre au niveau de l'intrigue.
Par ailleurs, si j'ai énormément apprécié d'avoir plusieurs points de vue (même si l'on suit quand même en majorité Sefia), il est arrivé un moment où j'étais perdue dans la chronologie du roman. Certains éléments ne collaient pas et je commençais à douter que tous les points de vue se déroulent en même temps. Bref, j'étais perdue dans les lignes de temps.
Et ces deux éléments accolés (les lignes de temps brumeuses et le Livre dont je ne voyais pas l'utilité) m'ont empêché d'apprécier une bonne partie du roman. Sans compter que les pages sont bourrés de traces, d'indices, certes ingénieux et qui immergent et incluent le lecteur dans l'histoire, mais qui m'ont aussi poussé à me poser beaucoup de questions et à m'embrouiller d'autant plus.
Pour résumer : l'intrigue trop mystérieuse m'a complètement fait décrocher. J'avais même par moment l'impression d'avoir loupé un train.

Heureusement, après avoir souffert durant les deux premiers tiers de cette lecture, l'horizon s'est éclairé. Le dernier tiers du roman contient suffisamment de révélations pour que le lecteur commence à rassembler les morceaux du puzzle. Et c'est à ce moment-là que j'ai commencé à apprécier ma lecture. Je l'ai même totalement redécouverte, vu sous un nouvel angle. Et plus on avance, plus on comprend. Tous les éléments de l'intrigue finissent par se croiser dans une logique implacable, les différents points de vue dévoilent entièrement leurs rôles, et le Livre dévoile enfin ses secret et sa véritable utilité.
Au final, c'est typiquement le genre de roman qui mérite une seconde lecture. On ne lirait plus du tout le roman de la même façon lors d'une relecture et c'est un aspect de ce roman que je trouve très intéressant

Les antagonistes ne donnent d'ailleurs pas l'impression d'en être lorsqu'on lit leur point de vue sans le savoir. Et lorsque l'auteur dévoile leur identité, on ne peut qu'être surpris et cela éclaire complètement l'intrigue brumeuse. L'auteur m'a bien eu sur ce coup ! Et en plus de surprendre, cela fait en sorte que l'on puisse comprendre les deux camps qui s'affrontent, sans le savoir. La narration adoptée par l'auteur est finalement très maline et en retournera plus d'un.

Le soucis de ce premier tome, c'est finalement que je n'ai pas pu l'apprécier à sa juste valeur durant les deux premiers tiers. L'intrigue me perdait complètement. Et cela est dû au fait que les révélations arrivent tardivement. Je n'ai du coup accroché que dans le dernier tiers. Ce qui est plutôt dommage puisqu'une fois les véritables enjeux dévoilés, on découvre tout le potentiel du roman : une intrigue - jusque-là camouflée - intéressante et intelligente complétée de personnages complexes et d'un univers dépaysant. Maintenant que j'ai saisi le but de l'intrigue, je ne pourrais qu'apprécier la suite.

EN BREF :

Un premier tome dépaysant mais qui demande beaucoup de patience pour dévoiler toutes ses qualités, sa richesse et ses personnages complexes. Ce n'est qu'une fois passé les deux tiers qu'on comprend les véritables enjeux et que le récit nous emporte. Dommage de devoir attendre aussi longtemps... Mais je ne regrette absolument pas d'être allée jusqu'au bout, et la suite ne pourra être que meilleure.


JAUGE DE LA TORTIONNAIRE :


Merci à la collection R pour la découverte !


LA TORTIONNAIRE VOUS EN DIT PLUS...

  • Ce livre est le premier tome d'une trilogie.
  • Le tome 2 The Speaker (titre VO) paraîtra en VF au printemps 2018.

mercredi 10 mai 2017

Enfant du Chaos

Auteur : Eva Simonin

Édition : Naos (site)

Pages : 331

Prix : 16 €

Public : 15 ans et +

Commander le livre : sur Amazon

Résumé :

Depuis la mort du dieu de l’Équilibre, le chaos ne cesse d'augmenter.
À Okkia, il engendre des spectres, êtres monstrueux qui se nourrissent des humains. Les pompiers régulent la menace de leur mieux, mais il arrivent trop tard pour sauver la famille d'Anielle. Unique rescapée, la jeune femme décide de rejoindre leurs rangs pour lutter à son tour contre incendies, tempêtes surnaturelles et créatures dangereuses.
Mais ses origines pèsent lourd sur ses épaules et compromettent sa place parmi les pompiers. Son existence n'est-elle qu'une nouvelle manifestation du chaos ? Anielle n'aura de pire ennemei que sa propre nature, convoitée par certains, redoutée par d'autres.


L'AVIS DE LA TORTIONNAIRE :


Lorsque j'ai lu le contenu du catalogue de cette collection que je ne connaissais pas du tout, je me suis tournée, afin de la découvrir, vers ce roman estampillé fantasy pour jeunes adultes, ce genre restant bien évidemment mon favori.

Le prologue est tout d'abord bien mystérieux. C'est un prologue dont on ne comprend la signification que plus tard dans le roman. Ce qui pousse bien évidemment à le relire une fois en possession de toutes les informations, car c'est là que tout s'éclaire : ça c'est un truc que j'adore ! Pouvoir avoir une deuxième lecture, même juste d'un prologue, avec un nouvel éclairage, personnellement, je me répète, mais je suis fan de ce genre de jeu de la part d'un auteur.

Puis une fois le court prologue passé, j'ai découvert l'univers. Au départ, je dois avouer que des "pompiers" dans un univers de fantasy, ça me laissait sceptique... Étant très habituée à la fantasy médiévale, je ne parvenais pas à lier cette profession au genre de la fantasy. C'était, à mes yeux, bizarre et décalé, ce qui est vraiment illogique quand on y pense, la profession ne datant pas d'hier, mais le terme "pompier" n'étant jamais vu en fantasy, j'avais du mal. Mais finalement, une fois ce petit moment de flottement passé, j'ai constaté que cela fonctionnait très bien. Surtout que, bon, on ne suit pas non plus l'histoire des pompiers dans ce roman.
L'univers est plutôt inspiré d'une fin de XX ème siècle (apparition des voitures motorisées). C'est une première pour moi, grande habituée des univers médiévaux. Et si j'ai trouvé au premier abord l'univers assez difficile d'accès, j'ai fini par me prendre au jeu au fur et à mesure de mon avancée dans le récit.
Après un début tâtonnant, j'ai donc fini par apprécier cet univers atypique aux inspirations originales. Pour tout vous dire, cet univers complexe, à la fois magique, sombre et réaliste m'a un peu fait penser à certains jeux Final Fantasy. Cet univers est bourrée de détails et je n'ose imaginer l'étendue de l'imagination et du travail de l'auteur.

D'autant que l'intrigue n'est pas en reste et profite allègrement de cet univers. Luttes politiques, manipulations des masses et peuples soumis au Chaos de plus en plus instable qui menace l'existence même de leur monde.
L'intrigue, en plus d'être pleine de surprises, est très riche, et entre l'identité de l'héroïne, l'ambition de certains, le Chaos et ses monstres, tout finit par se croiser.

Et comble du bonheur pour moi, la narration est à la troisième personne et nous offre le point de vue de plusieurs personnages, quelque soit leur camp. Quant au style de l'auteur, il est plutôt riche sans être trop complexe et ampoulé : un juste milieu idéal qui s'intègre très bien à l'univers.

Les personnages sont, eux, dotés de personnalités très humaines. J'y ai cru. Chacun a ses propres blessures, ses objectifs, ses envies, et on a envie d'en découvrir toujours plus sur eux car beaucoup garde leurs mystères. Certains sont très ambiguës et d'autre s'entourent d'une épaisse carapace qu'on a hâte de voir se craqueler. Ces personnages nuancés sont très appréciables !

L'héroïne, notamment, m'a beaucoup plu. Elle a des valeurs saines auxquelles j'ai pu aisément m'identifier. J'ai adoré son rôle dans l'intrigue et sa nature. Elle est plutôt naïve, gentille, altruiste, et ce qui va lui tomber dessus lui apportera un véritable relief, une complexité et une profondeur. Les épreuves qu'elle va vivre sont particulièrement difficiles et cruelles, et pour le coup, on est vraiment dans un roman pour plus de quinze ans.
La princesse est un personnage très ambiguë au départ et j'appréciais personnellement son intelligence. Je n'arrivais pas à la placer dans un bon ou un mauvais camp, ce qui prouve qu'elle est réussie. C'est petit à petit qu'on découvre son vrai visage.
Cela dit, le personnage qui remporte la palme pour moi et m'a vraiment marqué, c'est Yone. Il est totalement imbuvable (j'avais envie de lui mettre des paires de claques), d'une insolence indécente. Mais on sent chez ce jeune homme une colère rentrée, une carapace d'agressivité qui donne envie de découvrir ce qui se cache derrière. On a envie de le psychanalyser, ce que je ne me suis pas privée de faire. Derrière son agressivité et son insolence, il cache un manque de confiance flagrant et il cherche à éloigner tout ceux qui pourrait voir à travers son armure. Il est juste dommage que les descriptions physiques de ce personnage n'étaient pas suffisantes pour me permettre de me faire une image du personnage. À part ce détail, ce protagoniste est une réussite et j'espère découvrir de nouveaux personnages tout aussi intéressants dans la suite !

Là où je n'ai pas été convaincu en revanche, du moins au début, c'est sur la romance casée dans les quarante premières pages... C'était trop rapide, sans aucune profondeur et niais.
Heureusement, l'auteur a su me surprendre, et finalement, la suite se révèle beaucoup plus complexe, mature et réaliste. Ce n'est pas romantique, la petite bluette du début est remplacé par une relation charnelle et absolument pas idéalisée (même si ce n'est pas ma tasse de thé). Ce sont deux personnes qui se réfugient dans l'amour physique sans sentiments pour tout oublier. Les deux personnages concernés refusent de s'attacher l'un à l'autre. Dans le genre, j'ai trouvé cela très surprenant comme approche.
Si cela a l'air très pessimiste dit comme ça, on sent vite que, bien malgré eux, ils s'attachent l'un à l'autre. Ils ne s'en rendent même pas compte alors qu'en tant que lecteur on s'aperçoit au fur et à mesure que leur étrange relation s'approfondit. Cela donne au final une relation qui, sur le plan sentimental, se développe très doucement, avec réalisme et n'est absolument pas casée dans ce premier tome, exactement comme j'aime.

EN BREF :

Ce roman est extrêmement mature dans son intrigue, ses personnages, les sentiments abordés, la violence, les conflits. Très franchement c'est de la fantasy young adult qui n'a rien à envier à la fantasy adulte tant dans la complexité de son univers et de son intrigue que dans le traitement de ses personnages. L'univers est en plus bien détaillé et aux inspirations originales. J'ai été très agréablement surprise par ce premier tome sur lequel je ne me serais pourtant pas retournée sur la couverture de prime abord, et ça aurait été une erreur. Il m'a fallu pas mal de temps pour entrer dans le roman et pour appréhender l'univers en revanche, mais je garde un œil sur la suite !


JAUGE DE LA TORTIONNAIRE :


Merci à la collection Naos pour cette découverte !


LA TORTIONNAIRE VOUS EN DIT PLUS...

  • Ce livre est le premier tome d'une saga (nombre de tome inconnu)

samedi 4 mars 2017

Grisha - Tome 1 : Les Orphelins du Royaume

Auteur : Leigh Bardugo

Édition : Castelmore (site)

Pages : 314

Prix : 17,20 €

Public : 15 ans et +

Commander le livre : sur Amazon

Résumé :

Alina a été recrutée par l'Armée pour accompagner les Grisha, de puissants magiciens qui luttent contre le brouillard maléfique qui déchire le pays. Quand son ami d'enfance frôle la mort lors de ce raid, Alina doit affronter ses peurs et sa destinée... Le monde des Grisha est dangereux et les pièges nombreux. À qui Alina pourra-t-elle accorder sa confiance, alors que la seule personne sur laquelle elle pouvait compter n'est plus en mesure de l'aider ?


L'AVIS DE LA TORTIONNAIRE :


Dès qu'il s'agit de fantasy young adult, je me jette dessus sans hésiter, d'autant plus quand le personnage principal est féminin. Alors bien évidemment que je n'allais pas passer à côté de Grisha ! Surtout que les critiques du roman en VO étaient plutôt dithyrambiques.
Malheureusement, j'ai beaucoup tardé à lire ce roman, et sachant que la suite en VF n'était absolument pas en projet (et malgré que j'ai adoré Six of Crows du même auteur entre temps), j'ai bien failli me débarrasser de ce roman sans même le lire. Mais heureusement, je suis parvenue à me motiver.

Quand on a déjà lu Six of Crows, spin-off de cette saga, on a déjà eu un aperçu de la Ravka et des Grisha. Cela dit, c'était un aperçu, et le premier tome de cette trilogie nous plonge, lui, directement au cœur du royaume de la Ravka.
L'univers est comme je m'y attendais. On est dans un monde de fantasy inspiré par la Russie, un monde empêtré dans des conflits géo-politiques, tout cela empiré par la magie et les jalousies et la méfiance qu'elle inspire. L'inspiration russe change des éternels mondes euro-médiévaux (que j'adore pourtant !), et j'ai adoré ça. La hiérarchie sociale dans le royaume est claire, on se repère très vite, et voir Alina s'intégrer à ce monde est très intéressant. Elle a un œil neuf sur tout ça, tout comme le lecteur, ce qui facilite l'identification et l'attachement à l'héroïne.

Le nœud de l'intrigue arrive plutôt vite, du coup je n'ai pas eu l'impression (désagréable), que j'ai dans un peu trop de romans, de lire une introduction pendant des pages et des pages. Alina, l'héroïne, se retrouve très vite embarquée au cœur des évènements.
Malgré une intrigue relativement classique (ce qui ne veut pas dire que ce n'est pas appréciable quand c'est bien fait, ce qui est le cas ici), j'ai été rapidement emportée.

Alina est une invocatrice rare qui se découvre sur le tard. Mais c'est surtout une orpheline jetée dans les griffes de l'univers impitoyable et en apparence doré des Grisha, sans préparation. Petit à petit, elle va explorer ses capacités, non sans difficulté tant la magie est négative à ses yeux et tant elle ne se sent pas à sa place dans ce monde à l'opposé de ce qu'elle a toujours connu, elle, l'orpheline lambda effacée. Elle va donc mettre du temps et essuyer de nombreux coups durs avant d'accepter pleinement son rôle et ce qu'il implique.
Me connaissant, j'aurais facilement pu regretter que ce roman ne nous offre que le point de vue d'Alina, mais je me suis véritablement attachée à cette héroïne très humaine. C'est une adolescente avec un fort sens moral mais discrète et mal à l'aise avec son physique. Personnellement, ça me parle. On pourrait la penser naïve au premier abord, mais très franchement, à sa place, personne n'aurait mieux fait et surtout pas moi.

Les personnages secondaires ne sont pas nombreux à être importants, mais ils ont une vraie présence dans le récit. Ils ont des personnalités très reconnaissables et j'ai apprécié que l'auteur ne les juge pas inférieur à Alina à travers son point de vue parce qu'ils n'ont pas les mêmes centres d'intérêt (ce qui est trop souvent le cas en young adult...). Ils ont tous leur vie, des relations et des positions parfois difficile à assumer.

J'en viens maintenant à l'antagoniste qui est tout simplement fascinant. Il est d'un charisme à tomber par terre ! À tel point qu'on aimerait que ce ne soit pas un antagoniste justement... À la place d'Alina, je me serais complètement laissée avoir, alors je ne peux vraiment pas en vouloir à Alina de s'être laisser envoûter. C'est un personnage qu'on sent complexe, abîmé et qui semble viser un but plutôt justifié, mais en empruntant de bien noirs chemins. Un méchant totalement réussi !

En revanche, j'ai été moins emballée par l'ami d'enfance d'Alina, un peu trop prompte à juger les relations d'Alina alors que lui-même fricote à droite à gauche, ce que j'ai trouvé hypocrite et égoïste. Mais il saura se rattraper au cours de ce premier tome.

EN BREF :

Un univers enchanteur aux inspirations originales, un antagoniste terriblement charismatique, une héroïne attachante et des personnages secondaires indépendants : c'est du tout bon ! Dommage que la suite en VF ne soit pas au programme...


JAUGE DE LA TORTIONNAIRE :


LA TORTIONNAIRE VOUS EN DIT PLUS...

  • Ce livre est le premier tome d'une trilogie.
  • Le tome 2 Siege and Storm et le tome 3 Ruin and Rising sont déjà disponibles en VO.
  • Pas de parution française prévue pour la suite.
  • Un spin-off de cette trilogie est en cours de publication : une duologie dont le tome 1 Six of Crows est disponible en VF chez Milan et dont le tome 2 A Crooked Kingdom est déjà disponible en VO, sa VF étant prévue pour mai 2017 chez Milan (collection Pageturners)

mercredi 21 septembre 2016

Six of Crows

Auteur : Leigh Bardugo

Édition : Pageturners (site)

Pages : 559

Prix : 17,90 €

Public : 12 ans et +

Commander le livre : sur Amazon

Résumé :

Kaz Brekker, dit « Dirtyhands » est le chef des « Six of Crows », une équipe de malfrats aux talents exceptionnels : Inej, espionne défiant les lois de la gravité ; Matthias, soldat assoiffé de vengeance ; Nina, Grisha aux puissants pouvoirs magiques ; Wylan, fugueur des beaux quartiers, expert en démolition, et enfin Jesper, tireur d'élite accro au jeu.
Ensemble, ils peuvent sauver leur monde de la destruction... s'ils ne s'entretuent pas avant !


L'AVIS DE LA TORTIONNAIRE :


L'éditeur a vraiment bien mis en avant ce roman via les réseaux sociaux, surtout à travers les personnages. Sans compter que la couverture est à tomber et que Grisha, du même auteur, avait récolté d'excellentes critiques. Du coup, j'ai craqué. En dépit du côté "casse du siècle" et de sa comparaison avec le film Ocean's eleven, deux points qui ne m'attirait pas du tout dans un livre de fantasy. Et le héros, Kaz, qui avait l'air du héros pédant, sûre de lui et qui sait toujours tout sur tout. Mais ces points négatifs n'ont pas su m'empêcher d'acheter le roman. Heureusement.

Au commencement du roman, j'ai eu quand même un peu de mal, car les personnages présentés ne me plaisaient pas des masses, or, les personnages, c'est la raison principale de mon achat.
Et comme je le pressentais, Kaz est présenté comme un voleur froid, impitoyable, pragmatique, sans cœur et monsieur Je-sais-tout qui a toujours un coup d'avance sur tout le monde. C'est surtout lui qui m'a fait reculer au début. Je ne voyais pas de failles, pas de fragilités, dans ce personnage. Et c'est pour moi la seule façon de rendre un personnage humain, intéressant et profonds. Sans compter que les quelques autres personnages rencontrés me laissaient relativement de marbre.
Ça, c'est mon ressenti sur le début du roman. Pas terrible donc...  Heureusement, le rythme du roman est efficace. J'ai grandement apprécié qu'à chaque changement de chapitre on ait droit à un autre point de vue, qui continue pour autant la suite de l'action, mais à travers d'autres yeux.

L'équipe des six héros met pas mal de temps à se former. C'est long, surtout quand au début on est pas forcément passionné par les personnages, mais finalement, je trouve que du coup, la manière dont ce rassemblement se fait est plutôt réaliste.

Mais une fois que l'équipe est formée (ça prend entre 100 et 200 pages à peu près), j'ai commencé à vraiment bien accroché. Les liens entre les personnages se tissent ou s'approfondissent tant bien que mal et sont amenés avec douceur et réalisme. Pas de grandes effusions sentimentales sorties de nulle part, particulièrement au niveau des romances qui n'écrasent pas l'intrigue. Pas de coup de foudre, les liens se tissent avec le temps et dans les épreuves. C'est profond et bien développé. Rien à dire. C'est tellement crédible que j'en ai été très touchée.
L'un des duo qui m'a le plus marqué est une représentation parfaite du feu qui couve sous la glace. Les deux concernés ont une relation complexe et explosive dû à un lourd passif et à des préjugés persistants. L'alchimie est là, et c'est bouillant. Les deux autres duo sont plus dans la discrétion mais sont tout aussi bien développé.

J'ai d'ailleurs adoré l'amitié entre Nina et Inej. Ça fait du bien de voir une amitié entre filles aussi belle ! Et d'autres personnages qui ne s'apprécient guère apprennent finalement à se connaître dans les épreuves et se rapproche. Si l'amitié n'est pas toujours là, il y a néanmoins une certaine forme de respect qui se créé entre plusieurs héros.

Et surtout, au moment où je commençais à me dire que des prequel sur les personnages auraient été bienvenus, je me suis aperçue que l'auteur nous dévoilait régulièrement des pans du passé de chacun d'entre eux. Un passé qui dévoilent un peu plus les liens entre les protagonistes et les protagonistes eux-mêmes. Et plus on dévoile leurs failles, leurs passés compliqués, plus on s'attache à toute cette bande.
Aucun d'entre ne peut se vanter d'être parfait. Tous ont des erreurs et des regrets à leur actif et des préjugés sur certains qu'ils vont petit à petit dépasser. Tous. Même Kaz finit par voir ses failles percer sa carapace. Les six héros ont chacun une histoire et une personnalité uniques, et tous évoluent au cours de leur périple. Le traitement des personnages est juste parfait et c'est la grande force de ce roman.
J'ai fini par tous les apprécier, même si je garde une préférence pour la pétillante, drôle et courageuse Nina et pour l'adorable et discret Wylan.

Côté intrigue, si la comparaison avec Ocean's eleven me rebutait, c'est qu'en fantasy, je ne souhaite pas lire l'histoire d'un banal cambriolage, tout aussi spectaculaire qu'il puisse être. Mais l'intrigue du roman s'est finalement révélée beaucoup plus profonde. Elle s'intègre dans un contexte géopolitique complexe. En cas d'échec de leur mission, les répercussions seraient à grande échelle et provoquerait certainement des guerres et l'esclavage de toute une partie de la population du monde.
La tension est bel et bien présente, les retournements de situations sont légion et à chaque surprise, on a peur pour nos héros auxquels on s'attache vraiment.

Une intrigue qui s'inscrit également dans un univers fantasy original. On se situe à une ère plutôt industrielle que je rapprocherais du XIXè siècle. On sent tout de suite d'où s'est inspiré l'auteur pour créer ses différentes civilisations, notamment grâce aux noms propres, aux langues et aux caractéristiques physiques des différents peuples. Et ce sont des inspirations qui changent des habituels univers médiévales européens des romans fantasy.

EN BREF :

Cent premières pages un peu difficile à passer, puis au final un roman composé de personnages complexes et parfaitement développés. Des relations émouvantes, timides, bouillantes ou discrètes, d'amour ou d'amitié, elles aussi parfaitement amenées et justement dosées. Et enfin, une intrigue pleine de surprises, un suspens haletant et un univers entraînant et original. Je suis passée à deux doigts du coup de cœur !


JAUGE DE LA TORTIONNAIRE :


LA TORTIONNAIRE VOUS EN DIT PLUS...

  • Ce livre est le premier tome d'un diptyque.
  • Le tome 2 A Crooked Kingdom (titre VO) paraîtra le 26/09/2016 en VO.
  • Cette duologie est un spin-off de la trilogie Grisha mais peut tout à fait se lire sans avoir lu la trilogie d'origine. Le tome 1 de cette trilogie Les Orphelins du Royaume est disponible en VF chez Castelmore (pas de projet de publication de la suite en VF malheureusement). Le tome 2 Storm and Siege et le tome 3 Ruin and Rising sont déjà disponibles en VO.

mercredi 7 septembre 2016

La Dernière Terre - Tome 2 : Des certitudes

Auteur : Magali Villeneuve

Édition : L'Homme sans nom (site)

Pages : 466

Prix : 21,90 €

Public : Adulte

Commander le livre : sur Amazon

Résumé :

Dans les Cinq Territoires, les saisons débutent un autre cycle et à nouveau, la Grande Relève en marquera l'amorce.
Renvoyé vers son pays d'origine de façon arbitraire, Cahir, rongé par l'amertume et hanté par ses souvenirs, tente de retrouver sa place parmi les siens. Tandis que, dans la cité-capitale, l'on a préféré effacer toute trace du drame pour mieux l'oublier, certaines culpabilités, quoique silencieuses encore, commencent à peser lourd.
Derrière les murs inébranlables de la tour du Nolath, l'Igilh reçoit un message glaçant en provenance des planes de Tilh. Il lui faut prendre une réelle décision. De celles qui, dépendantes d'un seul homme, peuvent déterminer pourtant le devenir de chacun.


L'AVIS DE LA TORTIONNAIRE :


Attention : risque de spoilers sur le tome précédent !

Le premier tome de cette saga présentait surtout des personnages bien construits dans un univers intéressant et très détaillé. Cependant, je regrettais la lenteur de l'installation de l'intrigue et le style trop ampoulé. J'attendais donc de cette suite que l'intrigue se mette bien en place et moins d'introspection.

En commençant cette suite, je me suis trouvée un peu perdue en raison de ma difficulté à me remémorer les évènements du premier tome.
Surtout qu'en plus je retrouvais malheureusement le style complexe propre à l'auteur avec lequel j'ai toujours autant de mal. Certaines phrases gagneraient en impact et en clarté à être raccourcies/simplifiées. L'écriture demeure trop alambiquée et ampoulée à mon goût. À tel point qu'il m'a fallu à de trop nombreuses reprises relire des phrases. Et c'est bien dommage car cela cassait mon rythme et ralentissait d'autant ma lecture.

En revanche, cette suite à l'avantage d’accélérer un peu plus l'intrigue et de placer des enjeux plus dramatiques et vitaux. Tout du moins à partir de la moitié du roman surtout. L'action est donc plus présente ici et les enjeux sont beaucoup plus larges, ils concernent le peuple dans son ensemble.
L'intrigue, très nébuleuse dans le premier, s'expose ici. Des mystères sont à éclaircir et ravivent mon intérêt. Des croyances s'en trouve démenties (d'où le titre je suppose) et les découvertes dans la suite promettent de tout briser sur leur passage.
Personnellement, j'aime beaucoup l'intrigue de cette saga, découvrir que tout ce qu'ils croyaient connaître n'est peut-être pas si vrai et que leur monde garde encore beaucoup de secrets.

Les personnages, de leur côté, évoluent. Ghent, surtout. Alors qu'il m'avait laissé de marbre dans le tome précédent, on commence ici à apercevoir le masque se fissurer (ça reste très intérieur, Ghent oblige, mais c'est toujours ça).
Mais étonnamment, c'est Melgar qui m'a le plus surprise. Agréablement. On voit l'influence qu'a eu Cahir a eu sur lui. Quand il réplique à un personnage que montrer ses émotions n'est pas une faiblesse, je me suis dit "Enfin un agrevin sensé !". C'est celui qui subit la plus grande évolution je pense.
Parce que les agrevins, j'en ai eu une overdose dans cette suite. Ils m'ont frustré à un point avec leur comportement qui dénigre les émotions des autres (comme si c'était honteux...). Feor et Ghent en tête. Surtout Feor en fait. Parce qu'il a l'air plus ouvert alors qu'en fait pas du tout. Qu'est-ce qu'il m'a énervé ! Rien ne semble le toucher ou l'atteindre ou lui faire peur. C'est d'un ennui... Je veux voir son enveloppe se fissurer, je veux voir ses fragilités, ses failles, ses points faibles. Je veux le voir craquer ! Sans ça, un personnage reste inintéressant à des yeux. Et s'il ose se jouer de Gayle...

Préférence personnelle, mais je préfère largement le peuple merehdian, plus franc, moins sur le jugement, qui respecte les émotions des autres. Tout du moins, c'est l'impression que j'en ai.
Du coup, heureusement qu'on peut suivre les pas de Cahir qui a rejoint son peuple (parce que les agrevins, j'en ai bien soupé !). Un Cahir qui va devoir lutter contre les démons de son passé qu'on va découvrir avec plus de clarté ici. Encore une fois, on va suivre un chemin plutôt introspectif.
En revanche, j'aimerais voir les rôles féminins prendre plus activement part à l'intrigue. Même si j'ai adoré Raya, la sœur de Cahir, un personnage volontaire que j'espère voir encore plus dans la suite (j’espère qu'elle va mettre le nez à Ghent dans ses excréments !), cela reste pour l'instant surtout une histoire d'hommes. J'ai également remarqué que les rôles féminins remplissaient tous souvent un rôle maternel, de soin. Et ce ne serait pas un problème s'ils n'étaient pas tous dans cette veine. J'aimerais beaucoup les voir sortir de leurs rôles habituels et prendre part à l'action de l'intrigue.

EN BREF :

C'est une suite qui garde encore un côté très introspectif (à l'image des agrevins qui décidément m'énervent en grande partie) et un style trop ampoulé à mon goût. Mais je suis satisfaite concernant l'intrigue qui a fait un bond en avant et les enjeux à grande échelle qu'on voit désormais se dessiner clairement. Vu la tournure des évènements, j'attends avec impatience d'autres découvertes sur l'univers et plus d'action pour la suite (en particulier pour les rôles féminins malheureusement trop en retrait !).


JAUGE DE LA TORTIONNAIRE :


LA TORTIONNAIRE VOUS EN DIT PLUS...

  • Une intégrale illustrée des deux premiers tomes et une BD adaptée d'une nouvelle (prequel à la saga) Le prendre pour le garder paraîtront en septembre 2016 aux éditions Döseima.
  • Chronique du tome précédent :
Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...