mercredi 8 mai 2013

Le Prince d'été

Auteur : Alaya Dawn Johnson

Édition : R (site)

Pages : 431

Prix : 17,90 €

Public : 15 ans et +

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Résumé :

Sur la côte de ce que l'on appelait jadis le Brésil, ce sont les femmes qui dirigent la légendaire ville-pyramide de Palmares Três. La Reine ne cède le pouvoir à un homme qu'une fois tous les cinq ans, à un Roi d'été dont l'histoire enfièvrera la cité l'espace d'une année.
Pour June Costa, la vie n'est qu'Art. Ses œuvres impressionnent ses professeurs autant que ses camarades. Elle rêve de remporter le prestigieux Trophée de la Reine. Un rêve qu'elle n'avait jamais remis en question... jusqu'à ce qu'elle rencontre Enki.
Fraîchement élu Roi d'été, Enki est le garçon dont tout le monde parle. Mais lorsque June le regarde, elle voit bien au-delà de ses fascinants yeux d'ambre et de sa samba ravageuse : elle reconnaît en lui un artiste total. Follement amoureuse, June décide alors de créer avec lui un chef-d’œuvre qui restera gravé à jamais dans les mémoires.
Mais le temps leur est compté. Car, comme tous les Rois d'été qui l'ont précédé, Enki va devoir être sacrifié.


L'AVIS DE LA TORTIONNAIRE :


Couverture sublime (et qui en plus, après lecture, ne s'avère pas seulement belle, mais aussi très symbolique et fidèle au contenu), résumé emballant, il ne m'en fallait pas plus pour me donner envie de me lancer dans ce roman. Malheureusement, j'ai très vite déchanté car, malgré ses qualités indéniables, ce roman n'a pas été à mon goût. J'ai mis trois semaines à le lire, ça veut tout dire...

La première chose qui m'a marqué, c'est l'univers, original, mais aussi très complexe. Pour ma part, je l'ai trouvé assez difficile à appréhender. Même maintenant que je l'ai terminé, je n'ai toujours pas l'impression d'avoir tout saisi. Et ma lecture très morcelée, due au fait que le roman ne m'accrochait pas, n'a pas aidé non plus.
La politique est facile à comprendre, c'est tout le reste qui m'a posée problème. La ville pyramidale, les différents niveaux, les technologies de communications, la ville-ordinateur, les différents bots, je n'ai rien réussi à visualiser. Pas même la ville elle-même. Trop de choses à assimiler, surtout quand on est sur de la science-fiction aussi originale. Car parfois cela va tellement loin que j'étais juste incapable d'imaginer certaines choses. Mais encore une fois, ma lecture étalée sur près de trois semaines y est aussi sûrement pour quelque chose.

Parallèlement à l'univers, l'intrigue aborde beaucoup de sujets différents. Cela en fait un roman assez dense, alors qu'il y a pourtant peu de grandes actions finalement. Toujours est-il que l'intrigue est quand même plus facile à suivre que l'univers.

C'est ensuite l'atmosphère du roman qui m'a mise mal à l'aise. J'ai senti dans ce monde futur une mélancolie et un désespoir latents qui m'ont rendue la lecture très pesante. On a quelques bribes d'informations sur le monde extérieur (très peu malheureusement, et les catastrophes qui ont modifié le monde ne sont pas non plus très détaillées), et on se rend compte que l'humanité est presque finie à ce stade. Finie de façon assez horrible, puisqu'on est toujours là sans l'être. C'est glaçant, sans espoir.

Les personnages ne m'auront pas non plus permis de me passionner pour cette histoire. La narratrice, June, est immature et opportuniste. Franchement, il y a des moments où je lui aurai bien botté les fesses à celle-là. Elle traite sa mère de façon juste horrible, alors qu'à côté de ça, elle idéalise - voire met carrément sur un piédestal - son père. Un père qui a pourtant passé son temps à lui faire sentir sa déception à l'idée que June ne soit pas faite pour la musique, et qui visiblement n'aimait pas assez sa fille pour avoir envie de la voir grandir. C'est juste aberrant. Surtout que sa mère et même sa belle-mère la soutiennent inconditionnellement, parfois de manière maladroite il est vrai, mais June est prompte à tout prendre de travers venant d'elles. Et elle juge trop vite les gens sur des critères superficiels, on croirait parfois voir de la jalousie voire de l'aigreur.
Le fait qu'elle règle le "problème" de sa virginité à 13 ans m'a un peu laissée sur les fesses aussi (pour être polie). Ce n'est pas tant l'âge qui m'a choquée (dans leur société, le sexe n'est pas tabou, tout est très libéré, je peux comprendre), c'est le fait qu'elle qualifie sa virginité de "problème". Qu'on brise les normes, O.K, je suis à fond pour, car il n'y a pas de normes préétablies pour moi et chacun devrait pouvoir vivre comme il l'entend sans être jugé (tant qu'on respecte les autres). Mais si on brise une norme pour en créer au final une autre, là c'est non. Après, vous allez me dire que je m'emballe pour une malheureuse phrase, et c'est pas faux.
Quant à sa vision de l'Art, elle n'aura pas su me toucher. C'était too much. Pour moi, transgresser les règles, ce n'est pas faire de l'Art, c'est juste être un artiste pseudo-rebelle. Heureusement, au fil de l'histoire, June mûrit de plus grands idéaux.
Alors, c'est sûr qu'avec tout ça, vous avez compris qu'on n'a pas affaire à une héroïne idéalisée, ce qui pourrait convenir à des lecteurs. Personnellement, je ne me suis pas du tout attachée à elle, et vu que c'est la narratrice, ça a aussi contribué à ma non-immersion dans ce roman.

Enki ne m'aura pas séduite du tout non plus, car son personnage est beaucoup trop éthéré, frivole, libertin, inconscient. Il est complètement insaisissable, incompréhensible. Rares sont les moments où transparaît son humanité (et c'est dommage, car ces moments sont beaucoup plus appréciables). De plus, je n'ai pas du tout aimé ce doute permanent sur ses sentiments. On ne sait pas démêler ce que ressent réellement Enki, et ce jusqu'à la fin, ce qui donne un simili triangle amoureux jamais vraiment résolu au final.

Après, il y a quand même quelques aspects du roman qui m'ont plu. Notamment le fait d'avoir affaire à une société matriarcale. On est tellement ancré, malgré de notables évolutions, dans une société ultra-patriarcale, que ça fait du bien de lire l'inverse (même si je ne suis pour la domination d'aucun sexe sur l'autre).
Le deuxième point concernent les personnages de Bebel, qui est une chouette fille ; la mère et la belle-mère de June qu'elles aiment inconditionnellement, et c'est tout à leur honneur ; et l'ambassadeur de Tokyo 10, un homme que je trouvais détestable au début, mais plus on le connaît, plus il est touchant. Uniquement des personnages que June méprisait et qui ont pourtant un grand cœur, ça explique mon antipathie pour elle...
Autre point que j'ai apprécié, c'est le fait que l'homosexualité soit abordée sans tabou par l'auteur. Elle est considérée comme normale dans cet univers et l'auteur n'en fait pas une affaire d'état. Elle fait vraiment partie du paysage. On n'en parle même pas en fait, c'est là, point barre, et personne ne s'en offusque.
Et enfin, j'ai également aimé quelques côtés de la fin. C'est typiquement le genre de conclusion qui donnerait (presque, dans mon cas) envie d'une relecture de certains passages pour en avoir une autre compréhension. En effet, la fin forme une sorte de boucle avec le début.
Il faut aussi avouer que la dernière partie du livre est celle que j'ai préféré. Je ne sais pas si c'est parce que je lisais avec beaucoup moins de pauses (envie de le finir vite ou récit plus passionnant, je ne saurais le dire), mais j'ai trouvé que les évènements allaient plus vite, qu'on était plus dans l'action dans cette partie-là. Et puis les personnages ont une évolution assez positive (June surtout, en même temps, elle avait de la marge...).

EN BREF :

Je reconnais ici un roman de qualité, follement original et osé. Mais en dépit des quelques points positifs pour moi, cela n'a pas suffit à rattraper le reste qui n'était pas à mon goût du tout. En tout cas, si vous voulez lire complètement autre chose que ce qui se fait généralement en littérature jeunes adultes, sautez dessus, vous allez être servi de ce côté-là. Que ce soit côté romance, ou univers, c'est du jamais vu, mais il faut aimer.


JAUGE DE LA TORTIONNAIRE :


Merci à la collection R pour cette lecture !

2 commentaires :

Anne-C a dit…

Avec ce livre on accroche ... Ou pas je pense ^^

Kelith a dit…

Exactement ! Je suis bien d'accord avec toi, c'est typiquement le genre de livre où soit on adore soit on déteste ^^.

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